Rosario Marrero-Naissant expose au musée du Tabac jusqu’au 1er mai 2022.© Crédit photo : Jean-Luc Chanteau
SUD OUEST
Par Jean-Luc Chanteau
Publié le 26/10/2021 à 20h50
Mis à jour le 26/10/2021 à 20h51
Rosario Marrero-Naissant expose des gravures et peintures au musée du Tabac. Une présence pleine de sens, du fait de l’histoire familiale qui débute en République dominicaine
L’exposition que Rosario Marrero-Naissant présente au musée du Tabac de Bergerac (Dordogne), jusqu’au 1er mai 2022, est en quelque sorte une ode à ses grands-mères (1). Et quelle ne fut pas la surprise pour cette artiste de découvrir ce musée dans la cité de Cyrano, elle qui a baigné toute son enfance dans l’odeur de l’herbe à Nicot, même si elle avoue qu’elle ne « l’appréciait pas particulièrement ».
Née en République dominicaine en 1964, c’est le 1er avril 1992 qu’elle est venue en Europe. « Pour trois mois », précise-t-elle. Diplômée en architecture et arts plastiques, Rosario Marrero travaillait alors dans un cabinet d’architectes de Saint-Domingue et avait pris un congé pour venir montrer ses œuvres sur le Vieux Continent, lors d’une exposition présentée à Saragosse, en Espagne. De fil en aiguille, au fil de rencontres avec des passionnés d’art, c’est un véritable tour d’Europe qu’elle a alors entamé, passant par Madrid, Rome, Berlin ou encore Paris.
À l’issue des trois mois, elle a décidé de rester, pour préparer un master dans une école d’architecture de Barcelone. « Quand je l’ai appris par téléphone à mon père, il était furieux », avance-t-elle.
Installation en France
Après Barcelone, c’est à Paris qu’elle a posé ses valises en 1994, pour y suivre une formation en urbanisme, un autre domaine qui la passionne.
« Puis je me suis mariée et je suis restée en France », souligne l’artiste. Et comme l’art ne remplit pas toujours l’assiette, elle a effectué un passage par Pôle emploi, où un conseiller lui a suggéré de postuler pour un poste d’enseignante en arts appliqués. Et c’est ainsi qu’elle est rester dix-sept ans professeure en région parisienne, dans les académies de Créteil et Versailles. Une période à l’issue de laquelle, Rosario et son mari, Xavier, prof de maths, ont ressenti le besoin de changer de vie.
C’est à Bergerac qu’ils ont pu trouver un poste pour chacun, et venir s’installer en Bergeracois, précisément à Saint-Nexans.
Un changement qui, au départ, n’enthousiasmait pas Rosario. « On peut s’étonner de soi-même. Je pensais ne jamais vivre à la campagne. J’avais dit on teste six mois, et ça fait sept ans que ça dure. Je suis enchantée de vivre dans la verdure, au milieu des pruniers et des vignes. »
La plante du souvenir
Mais aussi une région qui a connu la culture du tabac, plante qui a marqué les jeunes années de Rosario Marrero-Naissant. C’est le souvenir de cette époque qu’elle présente en peintures et gravures au musée du Tabac.
Une exposition dans laquelle se mêlent la culture du tabac et l’évocation de ses origines, entre esclavage et commerce triangulaire.
Rosario y évoque notamment ses grands-mères. « Ma grand-mère paternelle plantait du tabac. Elle était veuve et élevait seule ses six enfants, dans une ferme éloignée de tout. Elle fumait sa cigarette tous les soirs. »
En revanche, la grand-mère maternelle ne fumait pas. « Elle vivait au nord de l’île et travaillait dans les stockages pour l’exportation de cette plante. »
Et l’artiste de conclure : « Je ne fume pas, mais le tabac a une relation très forte avec mon histoire personnelle. » Une relation que l’on peut découvrir sur les murs du musée.
(1) L’exposition « A la mémoire de mes ancêtres » est à voir au musée du Tabac, place du Feu. La visite de l’exposition est comprise dans le tarif d’entrée du musée (de 2 à 4,5 € ; gratuit pour les moins de 18 ans). Du mardi au vendredi de 10 heures à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 heures ; les samedis et dimanches de 14 à 18 heures. Renseignements au 05 53 63 04 13.
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